La Maison du Danemark expose jusqu’au 14 juillet les œuvres de l’artiste Jean-René Gauguin, des sculptures en bronze et des céramiques, réalisées pour la plupart pendant l’entre-deux-guerres.
Pour cette exposition, on aurait pu craindre que l’anecdote et le clin d’œil priment sur la démarche artistique, tant la personne de Jean-René Gauguin symbolise presque à l’excès la rencontre du Danemark et de la France – « objet évident » de l’institution danoise des Champs-Élysées. Dire qu’il n’en est absolument rien serait exagéré, mais le commissaire de l’exposition Jean-Loup Champion a su, par sa rigueur, éviter l’essentiel d’un tel travers.
Fils du célèbre Paul Gauguin et de son épouse danoise Mette Gad, Jean-René fut abandonné en bas-âge par son père qui laissa toute sa famille à Copenhague pour rentrer à Paris (avant de partir à Tahiti). Ce drame familial Gauguin marqua bien sûr l’existence de l’artiste, et il est probable que l’absence du père et sa recherche – plus ou moins consciente – aient eu leur importance dans la vocation de Jean-René Gauguin. Mais ni l’œuvre, ni l’exposition ne sont, fort heureusement, déploiement de psychologie, ou pire, d’enquête héréditaire.
L’exposition, généreuse quant à l’étendue des objets collectés, permet d’aborder l’œuvre de l’artiste dans son ensemble, mais sans doute pas sa cohérence… et pour cause : il n’y en a pas vraiment. Certains pourront être sensibles aux nus masculins, en bronze, de la première période, d’autres (comme à l’Esprit de Narvik) aux faïences plus érotisantes et baroques de la seconde, c’est selon. Et il n’est pas certain que la mise en espace réalisée par la Maison du Danemark ait été aussi intelligente et féconde qu’à son habitude. Les organisateurs étaient-ils eux-mêmes moins convaincus que d’ordinaire ? C’est fort possible. Quelques beaux objets justifient toutefois le déplacement.
Lire au sujet de cette histoire Paul Gauguin, mon père (Pola Gauguin, 1938) et Le Vertige danois de Paul Gauguin de Bertrand Leclair (Actes sud, 2014)